Association de solidarité internationale, Charleval-Andelle-Massili s'investit depuis octobre 1997 dans le développement économique, sanitaire et scolaire du petit village rural du Burkina faso, du nom de Kinsi.

mardi 18 septembre 2012

Lundi (2) : journée au village.

La majeure partie de la journée a consisté à discuter des projets de la mission, et, surtout, des modalités de leur mise en oeuvre. Je vais donc reprendre l'ensemble des discussions que nous avons mené, point par point :

1/ Le moteur du moulin à mil : trop vieux, il tombe très régulièrement en panne (tous les trois jours) et consomme énormément de carburant. Il s'agit donc d'une urgence vitale pour les femmes, mais aussi pour l'atelier de farine bamisa.
Les femmes ont fait fonctionner le moulin devant nous, et effectivement, même sans être mécanicien il est  facile de voir que le moteur a un gros problème. Son bruit, la couleur et la quantité des gaz d'échappement (grosse fumée noire) sont autant de symptômes alarmants.
Nous avons donc proposé aux femmes de faire venir un mécanicien, pour qu'il essaie de comprendre ce qui ne va pas, mais aussi pour préparer, puis installer le nouveau moteur que nous allons, de toute façon, financer.
Et elles nous ont répondu que c'était effectivement une bonne idée, et qu'elles allaient s'occuper elles-mêmes de trouver un mécanicien proche du village, et le faire venir Samedi prochain lors de notre prochaine visite.

Pour conclure, j'ai tenu à souligner, devant toute l'assemblée, que l'achat du moteur était possible grâce à la vente du beurre de karité, et que l'on pouvait presque dire pour cette raison que les femmes, par leur travail, ont pu acheter elles-mêmes le nouveau moteur, et que l'association n'est intervenu dans ce cadre qu'en tant qu'intermédiaire en charge de la revente et de la logistique. Et de fait, les femmes ont eu droit à une jolie salve d'applaudissements bien mérités.

2/ La farine Bamisa
Autre projet d'importance, évidemment. Nous commençons par faire savoir que le dispensaire avait besoin d'un nouveau stock de sachets de farine, car beaucoup de personnes en demande. Nous avons ensuite évoqué l'organisation d'une visite au village par Mme Soubeiga, afin de contrôler la production, le respect de la recette et les conditions d'hygiène, et la possibilité de développer un "maquis bébé" à Dapelogo, qui nécessiterait le financement de la formation de deux femmes. Enfin, nous avons également évoqué la possibilité de signer la "charte Bamisa", qui reconnaît officiellement le groupement de fabrication communautaire de Kinsi comme un nouveau membre du projet Bamisa.
Les femmes responsables de la production, en retour, nous ont demandé un stock minimal de céréales (arachides et petit mil) pour pouvoir continuer à produire jusqu'aux prochaines récoltes.
Nous avons pu constater avec plaisir que le bâtiment accueillant l'atelier de fabrication a entièrement été réparé (crépissage des murs en ciment, changement des tôles ondulées, ...), et qu'il est plutôt propre.

3/ La machine à coudre
Achetée il  y a deux ans pour équiper progressivement un atelier de teinture et couture, nous voulions nous assurer que cette machine était bel et bien utilisée, avant d'investir, cette année, dans un métier à tisser.
C'est alors que les villageois nous ont expliqué qu'une jeune fille du villages est spécialement partie à Koudougou suivre une formation en couture, et que depuis elle fabrique toutes sortes de vêtements, ce que nous avons par ailleurs pu constater par nous même.
La couturière a profité de notre présence dans son "atelier" pour nous dire qu'elle aurait besoin d'une grande table en bois, d'une paire de ciseaux de couture, et d'un fer à repasser fonctionnant au charbon. Au vu de ses réalisations (nous allons sans doute d'ailleurs lui en acheter), nous allons bien évidemment répondre positivement à sa demande, quitte à repousser l'achat du métier à tisser.
Salif nous a dit qu'il serait d'ailleurs peut-être envisageable de demander à cette couturière de créer des T-shirts avec le logo de l'association. C'est une idée qu'il faudra sans doute creuser !

4/ Les maraîchages
Nous avons commencé par évoquer notre rendez-vous avec un agronome demain mardi, l'objectif étant de faire venir cette personne au village afin qu'il prodigue des conseils, et qu'il nous explique comment il serait possible d'améliorer les pratiques au village, que ce soit en matière de technique de culture, d'arrosage, de compostage, d'enrichissement des champs,  ou encore de gestion des réserves d'eau (marigots) au sein du village.
Pour ne froisser personne, j'ai suggéré aux villageois de le faire venir pour qu'il les aide à développer la culture du soja dans le village (le soja n'y est pas cultivé actuellement), et comme cela ils pourraient en profiter pour lui demander des conseils.

Puis nous sommes allés visiter les parcelles cultivées, et nous avons bien eu la confirmation que les récoltes seraient bonnes. Une fois sur place, nous avons évoqué la question de la pompe d'irrigation que nous avons prévu de financer, à leur demande. Mais il s'avère qu'au final les villageois préfèrent que l'on achète des tuyaux pour la motopompe. Mais la distance qu'ils souhaitent couvrir nous a paru énorme (une bonne centaine de mètres) et nous devons d'abord faire un point financier, puis, à mon avis, attendre le passage de l'agronome au village pour avoir son avis sur la gestion de l'eau avant d'acheter quoi que ce soit

5/ L'école
Comme chaque année, nous avons prévu de financer les fournitures scolaires nécessaires au bon fonctionnement de l'école. Nous avons donc demandé à rencontrer le directeur, pour qu'il nous donne une liste des fournitures.
Et il se trouve que le directeur était justement en réunion de préparation de la rentrée avec ses enseignants, et qu'ils se demandaient s'il ne fallait pas repousser la date de la rentrée, faute de fournitures ! C'est donc avec joie qu'il nous a donné une liste de tout le matériel qu'il juge nécessaire. Nous verrons bien si nous aurons les moyens de tout acheter ! Dans tous les cas, la livraison des fournitures se fera lors de notre prochaine visite, c'est-à-dire samedi.

Enfin, dans les questions "diverses", j'ai rapidement évoqué les projets de l'année prochaine, à savoir le financement d'un nouveau bâtiment pour le moulin à mil, et pour l'atelier Bamisa. Ce sont là encore des projets importants, et nécessaires.
Et apparemment, l'emploi de la technique de la voûte nubienne pour ces bâtiments a semblé intéresser les villageois, ce qui n'était absolument pas le cas les années précédentes, puisqu'ils avaient rejeté en bloc l'idée d'un bâtiment construit autrement qu'en béton.
Mais cela ne les a pas empêché de demander de nouveau qu'on finance un dispensaire au village. Une fois de plus, notre réponse a été claire : nous n'avons tout simplement pas le droit, sans l'accord des autorités compétentes tout du moins. Et dans tous les cas, ce ne serait pas un dispensaire comme celui de Dapélogo, mais dans le meilleur des cas un petit local de santé d'une pièce où Paul, l'agent de santé et secouriste, pourrait donner les premiers soins, et l'infirmier du dispensaire pourrait y donner des consultations lors de ses déplacements dans les villages. Nous avons également évoqué une autre solution : la mise à disposition d'un moyen de transport (moto, ...) qui ferait office d'ambulance pour emmener les malades, blessés ou femmes enceintes au dispensaire rapidement.
Bien évidemment, nous n'avons pris aucun engagement sur ce sujet sensible ; il nous faudra en parler avec le maire de Dapélogo et l'infirmier du dispensaire pour voir ce qu'ils nous conseillent, mais aussi en parler pendant nos réunions de conseil d'administration, car nous avons toujours refusé d'acheter des véhicules.

Une fois les discussions achevées, et après un bon repas en compagnie du Chef de Goden, avec qui nous avons partagé le Dolo (bière de mil fabriquée au village), nous avons pris le chemin du retour, non sans avoir donné les bacs en plastique pour le Beurre de Karité aux femmes.

Il nous reste désormais à nous mettre au travail... nous n'allons pas chômer, cette semaine !

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