Association de solidarité internationale, Charleval-Andelle-Massili s'investit depuis octobre 1997 dans le développement économique, sanitaire et scolaire du petit village rural du Burkina faso, du nom de Kinsi.

jeudi 19 septembre 2013

Sixième journée : voûte nubienne à Boromo



Aujourd’hui, journée capitale pour l’avancée du gros projet de financement d’un bâtiment pour l’atelier de fabrication de farine infantile Bamisa : nous allons rencontrer  les responsables de l’association « La Voûte Nubienne », dont l’objectif est de promouvoir et de mettre en place des programmes de vulgarisation de cette architecture de terre crue, mais aussi de mettre en relation les maçons qui ont été formés à cette technique, et les clients potentiels, pour créer des marchés potentiels.

Pour ce faire, nous devons nous rendre au siège de l’association, qui se situe à Boromo, soit à 175 km environ au sud de Ouagadougou, sur la route de Bobo Dioulasso, sachant que Boubacar Ouily, le coordonnateur de l’association « La Voûte Nubienne » avec qui nous avons rendez-vous, doit partir en déplacement à partir de 14h. Sachant cela, nous avons prévu d’essayer d’arriver pour 10h, et de clôturer l’entrevue au plus tard pour 12 ou 13h. Et, dans la mesure où nous avions une voiture pour la journée, nous comptions en profiter pour essayer de nous rendre dans une coopérative de femmes tisseuses, située à 18 km au sud de Ouagadougou, afin d’y acheter quelques jolies écharpes et nappes.

Mais c’était sans compter sans l’état de la route !

Si les 30 ou 40 premiers kilomètres de route au sortir de Ouagadougou étaient en bon état général, le reste de la piste était en fait constellé de nids de poule (et d’autres volatiles plus grands sans doute au vu de leur taille !!). et le chauffeur a dû considérablement réduire sa vitesse et zigzaguer habilement pour éviter les plus gros trous, ce qui nous a fait arriver avec plus d’une heure de retard à notre rendez-vous.
Descendre du véhicule a considérablement soulagé nos pauvres fessiers et dos, tous particulièrement malmenés par les cahots de cette piste qui n’en finissait pas, et les amortisseurs trrrrrès fatigués de notre véhicule.

Heureusement nous sommes donc finalement arrivés à bon port, et nous avons retrouvé Boubacar Ouily, que Vanessa et moi avions déjà rencontré une première fois lors d’une rencontre d’associations de solidarité internationales sur Bordeaux.

Ce dernier nous a alors proposé de visiter, avec son assistante, les locaux en voûte nubienne construits par l’association, afin de découvrir de visu à quoi ressemble un bâtiment en voûte nubienne. Cet hôtel a été, et continue d’être un centre d’expérimentation pour l’amélioration de la technique de construction.
Dès l’entrée dans une pièce, le contraste de température est saisissant entre l’extérieur et l’intérieur, et plus encore si l’intérieur du bâtiment a été décaissé. Il fait nettement plus frais dans les bâtiments. Un ingénieux système de ventilation assure par ailleurs un courant d’air agréable.
Le second point à relever, c’est la modularité de cette architecture : dès la construction, les ouvertures latérales potentielles (dans les murs porteurs soutenant la voûte) sont prévues, et servent, au choix, d’étagères, ou de fenêtres. Il est donc très facile de rajouter, après coup, une pièce, plusieurs, et pourquoi pas même un étage.
Le troisième point à noter concerne l’équipement des pièces : il est très facile de concevoir des banquettes lits, des bancs, des cloisons intérieurs, … et donc de personnaliser son intérieur, avec l’éventuel surplus de briques produites dans le cadre de la construction.

Cependant, cette technique a aussi ses faiblesses : le bâtiment a besoin d’un entretien régulier, en particulier le désherbage et le recrépissage du toit une fois par an. Aussi, d’autres solutions que le crépissage en terre ont été développées, et notamment la couverture du toit-terrasse avec un crépi de goudron, qui garantit l’étanchéité pour au moins une dizaine d’années. Et des solutions de protection des murs, avec l’installation d’un parement de briques de latérite jointoyées avec du ciment, sont également envisageables.
Cette technique de construction est également limitée par ses contraintes techniques : les deux murs de soutien principaux ne peuvent pas être écartés de plus de 3,25 m, et leur longueur ne peut pas excéder 12 m. Cela laisse cependant de nombreuses possibilités, compte tenu de la modularité de l’architecture.

Une fois cette visite achevée, nous avons retrouvé Boubacar, accompagné de Séri Youlou, co-fondateur de l’association « La Voûte Nubienne » et du projet qu’elle porte, et responsable de la mise en œuvre purement « technique » des projets avec les maçons.

Nous avons alors repris point par point le projet global de bâtiment, à partir des plans et du cahier des charges que j’avais transmis en amont à Boubacar afin qu’il les étudie.

Toutes les questions, toutes suggestions que nous pouvions encore nous poser ont donc pu être abordées sans aucune difficulté.
Nous avons donc confirmation que notre bâtiment est tout à fait réalisable en voûte nubienne ; par contre, le maçon se chargera uniquement du gros œuvre (montage des murs, de la voûte, crépissage de l’ensemble, et chape de béton au sol). Les finitions (portes, fenêtres, aménagement intérieur, …) seront à ajouter au devis.

Boubacar semblait intéressé par le fait que des villageois aient envie de s’investir dans le chantier, car cela signifie qu’ils pourraient, à long terme, devenir de potentiels maçons. C’est important, car la demande de lancement de chantiers croît apparemment de manière exponentielle, et les maçons peinent désormais à répondre aux demandes car ils ne sont pas assez nombreux.
Nous lui avons donc demandé s’il ne serait pas préférable de lancer dans un premier temps un plus petit bâtiment, pour abriter par exemple le moulin à mil communautaire, avant de se lancer dans le gros chantier. Cela permettrait aux villageois de réaliser concrètement en quoi consiste un tel chantier, et au maçon de constituer sereinement son équipe de « manœuvres » non qualifiés.
Mais Boubacar nous a proposé une autre solution, tout aussi intéressante : financer le bâtiment du projet, mais pièce par pièce, en commençant par les salles les plus importantes (salle de fabrication et stockage de la farine).

C’est à ce moment qu’un nouvel interlocuteur nous a rejoint : justement, un maçon, présent au siège car la veille les maçons étaient réunis en congrès.
Boubacar lui a directement demandé, voire imposé, de nos préparer une liste de devis :
Ø      pour le bâtiment du moulin à mil communautaire ;
Ø      pour l’intégralité du bâtiment du projet Bamisa ;
Ø      pour chacun des deux bâtiments du projet Bamisa, dans l’éventualité où nous ne pourrions en financer qu’un seul à la fois.
Il est également prévu d’intégrer au devis l’éventualité d’une pose de crépi en goudron sur le toit terrasse.
Le devis tiendra évidemment compte du fait que la main d’œuvre et les matériaux seront fournis par les villageois.

Enfin, et pour clôturer notre entrevue, Boubacar nous a proposé d’essayer de lancer un programme de vulgarisation tel que sa structure essaie de développer un peu partout dans le pays, et également désormais dans d’autres pays d’Afrique et même au Mexique.

J’ai cependant émis beaucoup de réserves sur notre implication dans un tel programme, compte tenu des coûts demandés aux ONG porteuses de ces programmes (Boubacar m’avait fait parvenir les documents plusieurs mois auparavant, et j’en avais parlé au téléphone avec Thomas Granier, le Co-fondateur de La Voûte Nubienne).
Mais Boubacar s’est voulu rassurant : pour initier un programme de vulgarisation (mais aussi formation, …), il faut un projet « pilote », et notre bâtiment serait un bon point d’accroche. Il faut également des partenaires qui connaissent bien le terrain, et les communautés locales.
Par ailleurs, il serait tout à fait envisageable de solliciter la mairie de Dapélogo afin qu’elle soumette ce projet à ses partenaires financiers (département de la Vienne en France). Cela permettrait de faire naître un marché, de mettre en place de nouveaux chantiers, et donc permettront de former de nouveaux maçons.
De même, l’équipe de Boubacar solliciterait son réseau de bailleurs de fonds, et nous aussi.
Pris comme cela … c’est une proposition qui reste à réfléchir !
Nous en parlerons demain avec le Maire de Dapélogo si nous avons la chance de le voir en nous rendant au village.

Nous achevons notre entrevue en échangeant nos contacts respectifs, et convenons de rester en contact par mail.
De son côté, Salif a proposé au maçon de venir dormir chez lui Samedi Soir, et sans doute aussi dimanche soir au retour du village ; comme ça nous partirons tous ensemble. Le seul « hic » c’est que nous serons chargés, avec un pick up (nous avons prévu d’emporter tout ce qui sera financé cette année) et donc j’espère qu’il y aura aussi assez de place pour tout le monde … J’ai des doutes, même si d’après Salif « ya pas de problème » !
Nous prendrons également en charge, bien évidemment, ses frais de déplacement entre Boromo et Ouagadougou.

Nous sommes ensuite allés nous restaurer dans un maquis à Boromo. Et, compte tenu de l’heure avancée Salif a rappelé la coopérative des femmes tisseuses que nous ne passerons certainement pas en fait (repartant de Boromo vers 15h, il était irréaliste d’arriver avant 17h dans un petit village perdu au fond de la brousse). Et de fait nous sommes arrivés à Ouagadougou vers 19h !!!


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