Aujourd’hui, dernière journée au village. C’est toujours un
moment un peu fort en émotions, car cela signifie que la fin de la mission est
proche. C’est aussi souvent dans ce cadre que nous apportons tout les derniers
achats menés au cours de la mission, ce qui est l’occasion de longs
applaudissements et chaleureux remerciements.
Et effectivement, nous sommes partis au village bien chargés :
Fournitures scolaires, ballons et Djembé pour l’école ; Petit mil (20 kg) et table de séchage
pour les grains pour les femmes de l’atelier bamisa, la machine à coudre
réparée, un tabouret pour la couturière, et enfin les deux barriques pour le
système de refroidissement du moteur du moulin à mil.
Nous emmenons avec nous également le maçon voûte nubienne,
venu spécialement de Boromo (180 km) pour rencontrer les villageois et parler avec eux
du projet de construction.
A notre arrivée cependant, petite déception : il n’y a
quasiment personne pour nous accueillir !
Mais nous apprenons en fait que tout le monde est parti à
Dapélogo, car le dispensaire a organisé une distribution de moustiquaire. Nous
allons devoir une nouvelle fois … attendre, que nos principaux interlocuteurs
arrivent, nous saluent, puis fassent passer une calebasse de « dolo »,
la boisson préférée du chef…
En attendant que tout le monde arrive, ce qui pourrait
mettre du temps, nous suggérons aux quelques rares villageois présents, qu’il
serait possible d’aller visiter le village avec le maçon pour lui montrer l’emplacement
prévu pour le gros projet Bamisa, et surtout lui faire visiter l’actuel bâtiment
du moulin à mil, et discuter avec les villageois sur la meilleure façon de
procéder pour ne pas interrompre l’activité du moulin le temps des travaux :
faut-il détruire l’actuel bâtiment ? construire le nouveau bâtiment à côté ?
Apparemment c’est plutôt la seconde solution qui serait
retenue. L’actuel bâtiment sera alors reconverti sans doute en espace de
stockage pour les céréales en attente de mouture apportées par les femmes
venant de villages lointains pour profiter du moulin.
Revenus sur nos pas, nous avons là encore profité du fait
que l’on attendait toujours l’arrivée d’un plus grand nombre de personnes pour
donner les sachets « Bamisa » aux femmes en charge de la fabrication
de la farine.
Ce don de 200 sachets, portant la mention « Bamisa »
et la recette de préparation de la bouillie, devrait leur permettre de mieux
valoriser leur production et donc de faire augmenter leurs ventes. Elles
pourront par ailleurs y stocker 500g de farine, contre 120g en moyenne dans les
sacs qu’elles utilisent actuellement, mais aussi le malt nécessaire pour la
liquéfaction de la bouillie, alors qu’actuellement elles doivent distribuer le
malt à chaque client, en faisant un deuxième contenant à chaque nouvelle vente,
ce qui n’est pas pratique il faut l’avouer.
Il faut cependant bien expliquer aux femmes comment souder
le sac avec un fer chaud (elles n’ont pas de soude sac électrique, puisqu’il n’y
a pas … d’électricité !) sans que le sac fonde et s’accroche sur le fer.
En fait, l’astuce consiste à interposer un morceau de papier
entre le sac et le fer, cela limite les risques. De toute façon, elles peuvent
faire quelques tests, elles ont un stock suffisant pour cela.
Il est cependant prévu, dans le projet Bamisa, d’inclure la
mise en place d’un soude-sac électrique alimenté par des panneaux photovoltaïques.
Nous allons d’ailleurs revoir l’entrepreneur que nous avons déjà rencontré au
début du séjour mardi après-midi, nous pourrons rediscuter du dispositif
photovoltaïque et de l’ensemble de l’électrification du bâtiment Bamisa, et si
possible obtenir un devis pour ce matériel, son installation ainsi que,
peut-être, une formation pour l’entretien.
Mais ceci est une autre histoire ; revenons à nos
moutons.
Après avoir assez attendu à notre goût, nous avons proposé
que le maçon se présente, et réexplique bien en détail le projet, et surtout la
technique architecturale pour laquelle il a reçu une formation.
C’est alors que le maçon, jusque là très réservé, en
retrait, s’est transformé en brillant orateur, détaillant avec forces détails
chaque étape de la construction, les avantages et inconvénients de la voûte
nubienne, en appuyant son discours sur de nombreuses planches photographiques
de différents chantiers.
Nous pensons qu’il a su convaincre les derniers sceptiques,
et il a habilement su « mettre l’eau à la bouche » aux villageois en
leur montrant la gamme de finitions possibles pour les bâtiments (crépissage au
goudron, crépissage intérieur puis peinture à la chaux, …). Quant à ceux qui
doutaient de la solidité du toit, le
maçon a rappelé que les murs font 60
cm d’épaisseur (contre 20cm dans les construction « classiques »),
et la photo d’une trentaine de personnes debout sur le toit d’un bâtiment en voûte
nubienne a achevé de les convaincre.
En quelques minutes, tous voulaient s’investir réellement
dans le projet, y compris les femmes, qui se sont déclarées prêtes à fabriquer
elles aussi des briques.
Nous avons cependant dû temporiser quelque peu en précisant
que nous allions désormais discuter des devis avec le maçon à notre retour sur
Ouagadougou, et que bien évidemment seuls les conseils d’administration des
deux associations pourraient prendre la décision de financer (ou non) ces bâtiments,
et à quelle échéance.
Ayant clôt le débat, nous profitons de l’intermède pour
présenter l’ensemble de ce que nous avons apporté aux villageois avec le
pick-up : les barriques pour le moulin à mil (pour le système de
refroidissement du moteur), la table de séchage, le petit mil.
Quand vient le tour de la présentation des fournitures, nous
demandons à faire des photos avec l’ensemble des enfants présents pour pouvoir
l’envoyer à tous les sympathiques contributeurs qui nous ont permis de financer
ces fournitures, mais aussi un nouveau djembè et des ballons de football et
handball.
En quelques minutes, les enfants sont donc rassemblés par
les adultes, qui ouvrent les cartons, et leurs distribuent des lots de cahiers,
stylos et autres ardoises pour les présenter lors des photographies. Nous nous
joignons donc à ce joyeux groupe, et les photos se succèdent, les parents d’élèves
souhaitant également se faire photographier en notre compagnie.
Puis tout est de nouveau rangé dans les cartons, et remis
sur le plateau du pickup ; en repartant, nous les déposerons à l’école,
qui est sur notre route.
Nous évoquons ensuite divers sujets, déjà exposés dans les
précédents billets du blog : la rencontre avec le maire de dapélogo, la
rencontre avec l’agronome, et les futurs projets de formation, …
S’ensuit une première série de longs remerciements, les
premiers étant exprimés par le chef de Goden, très heureux de tout ce que l’on
fait pour les deux villages, mais également par les femmes, qui semblaient
particulièrement détendues et actives aujourd’hui, contrairement aux
précédentes visites, pendant lesquelles elles étaient restées en retrait.
Là, elles sont même allées jusqu’à interrompre les
discussions pour se lancer dans un long intermède de danses, plus endiablées et
rythmées les unes que les autres. Pour les remercier et les féliciter, Nous
insistons sur le fait que tout ce qui est mis en place est possible
actuellement uniquement grâce à leur travail, que c’est la vente du beurre de
karité produit au village qui permet cela. Et nous invitons même les hommes à
applaudir les femmes !!!
Nous proposons ensuite de « trinquer » avec les
villageois, une tradition introduite par Eric il y a quelques années, et
apparemment devenue incontournable. Nous avions donc acheté une grande
bouteille de coca, et 3 grandes bouteilles de fanta, avec des gobelets, et
Thomas et moi-même distribuons des fonds de verre aux personnes présentes, en
commençant par le chef de Goden évidemment.
Puis les remerciements continuent, et les « remerciements
pour les remerciements », les politesses protocolaires, … jusqu’à ce que
nous soyons conviés au repas, l’habituel poulet au riz, à ceci près que le mode
de cuisson et la sauce (sauce tomate aux aubergines locales) étaient différents
des fois précédentes.
Une fois le repas fini,
nous espérions pouvoir partir assez vite pour prendre du temps, une fois
revenus sur Ouagadougou, à discuter avec le maçon.
Mais c’était sans compter sur les villageois, qui ont de
nouveau recommencé à nous remercier, Daniel (le président du comité de gestion,
notre interlocuteur principal) allant jusqu’à lancer un « hip hip hip
hourra » à la mode burkinabè.
Les femmes viennent ensuite nous apporter le beurre de
karité (17,5 kg)
et l’huile de karité (3
litres). Nous les remercions de nouveau.
Nous parvenons cependant, et non sans regrets, à saluer tout
le monde, avant de quitter le village.
De retour chez Alain,
notre hôte, nous prenons quelques minutes pour discuter avec le maçon autour d’une
bouteille d’eau fraîche. Le maçon semble plutôt optimiste pour la
concrétisation du bâtiment.
Il nous présente ensuite ses devis, pour le gros œuvre uniquement
(fondations, murs et voûte). Il n’a pas eu le temps d’ajouter les finitions
(crépissage au goudron, et chape en béton pour le bâtiment Bamisa).
Quant aux portes, à nous de les faire construire et
financer.
En nous penchant sur le premier devis, qui porte sur le plus
petit bâtiment, qui doit accueillir le moulin à mil communautaire, nous n’en croyons pas nos yeux : Le devis
estime le coût des travaux à … environ 350€ !!! En fait, nous ne payons
que la main d’œuvre, puisque tous les matériaux (terre pour les briques, eau,
cailloux sauvages, …), sont sur place. Et c’est la même chose pour les autres
devis.
Ainsi, le devis du bâtiment Bamisa (deux voûtes de 100 m² chacune) estime le coût
des travaux à environ 1700€. Bien sûr, le devis ne tient pas compte des
finitions et des portes et fenêtres, mais nous sommes vraiment loin des 20000€
estimés dans un pré-projet.
Nous avons ensuite discuté des dimensions des portes et fenêtres,
pour que le forgeron puisse, à terme, nous donner un tarif pour ces portes et
fenêtres, avant d’aborder la question des dates les plus propices pour lancer
le chantier du premier bâtiment.
Apparemment, le mieux serait donc de donner aux villageois
environ trois mois, en fin d’année (novembre, décembre et janvier) pour
préparer les briques de base pour les murs (il en faut 2000), et réunir les
blocs de pierre pour les fondations. Puis, lorsque le nombre de briques
requises est atteint, il suffit de prévenir le maçon qui viendra alors, avec
son équipe (deux autres personnes) pour lancer la construction, avec l’aide de
quatre manœuvres embauchés au village.
En théorie, le gros œuvre devrait être achevé en 15 jours,
et les finitions (crépissage et installation des portes) prendraient quelques
jours supplémentaires.
Côté financement, le maçon propose un paiement en trois fois :
Un premier versement au début du chantier, un deuxième en
milieu de chantier, et le troisième à la clôture du chantier.
Notre discussion s’est ensuite arrêtée là, car il était
temps pour le maçon de nous quitter pour aller prendre son car pour retourner à
Boromo.
Nous lui versons 10000FCFA pour payer ses frais de trajet
(7000CFA l’aller retour) et pour le temps passé au village et à travailler sur
les devis.
Il faudra donc faire le point sérieusement sur un plan
financier, mais dans tous les cas les devis du maçon sont une très bonne
surprise ! nous allons donc pouvoir mettre plus de moyens dans les
finitions destinées à assurer une plus grande pérennité au bâtiment (crépissage
au goudron), et mieux équiper le bâtiment bamisa (paillasses carrelées, sol en
béton, …). Nous pourrons même peut-être envisager de financer un château d’eau,
ou encore une pompe solaire pour le forage … qui sait ?
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