Petit historique du projet d'implantation d'un "Groupement de Fabrication communautaire" de Farine Bamisa
Eté 2008
Les deux bénévoles en charge de la mission, Camille et
Amandine, évoquent, à leur retour, ce projet des femmes : bénéficier de la
formation à la fabrication de farine Misola (« Mil, Soja,
Arachides »).
Elles se sont renseigné sur place et ont découvert que la
Farine Misola est la base d’une bouillie infantile inventée par un médecin
Haut-Normand, le Docteur Laurent. Cette bouillie, développée à partir de
céréales locales, et des pratiques de fabrication habituelles des populations,
est destinée à prévenir, voire lutter contre la malnutrition des enfants de 6 à
24 mois.
Ce projet, qui répondait pleinement à l’un de nos axes
prioritaires d’action, à savoir l’aide sanitaire, est donc devenu prioritaire
pour la mission suivante.
Eté 2009
Tout au long de l’année, Sarah, porteuse du projet, a pris
contact avec le Docteur Laurent, et, surtout, avec les responsables de l’ABUM
(Association Burkinabè des Unités Misola) afin d’organiser la mise en place
d’une formation pour plusieurs femmes du village.
Les contacts, très positifs, ont débouché sur la signature,
au cours de la mission de 2009, d’un contrat de formation par l’ABUM, pour
trois femmes lettrées, deux femmes du village de kinsi et une femme du village
de Goden. Cette formation de 15 jours devait à la fois porter sur la santé des
enfants, l’hygiène, et l’apprentissage de la fabrication de la farine, ainsi
que la préparation de la bouillie.
Cette mission fut aussi l’occasion de financer le matériel
de base nécessaire à la fabrication et au stockage de la farine et des divers
ingrédients, ainsi qu’un sac de 50 kg de sucre et 50 kg de sel (compléments
nécessaires de la farine).
La formation devait avoir lieu en décembre 2009, après les
récoltes, afin de pouvoir acheter un stock de graines de soja.
Mais au final, la formation a été repoussée régulièrement
tout au long de l’année 2010, et n’avait toujours pas eu lieu lors de la
mission suivante.
Octobre 2010
Passablement énervé par cette situation qui traînait, Eric
a décidé de se rendre sur place pour obtenir des explications.
Après de nombreuses tractations et diverses (mauvaises)
surprises (changement dans le programme de la formation, dans sa durée, …) nous
avons quand même pu obtenir sa mise en œuvre avant le retour en France de Sarah
en décembre 2010. Mais il aura fallu recourir à des menaces de saisie des autorités judiciaires.
La formation a donc bien eu lieu, mais Sarah a découvert que
la recette originelle de la farine avait été changée, notamment par
l’introduction de « CMV » (compléments minéraux vitaminiques) et
d’amylases industrielles, dont il a fallu acheter un stock à prix d’or auprès
de l’ABUM.
Cela nous a semblé étrange, dans la mesure où l’objectif
initial de ce projet était de favoriser l’indépendance totale des populations,
sur le plan sanitaire.
Année 2011
Pour cette raison, et parce que nous avions beaucoup de
critiques à faire sur le comportement des responsables de l’ABUM, Sarah et moi
avons repris contact avec le Docteur Laurent, pour obtenir des explications.
Et en Mars 2011 nous l’avons rencontré. C’est au cours de
cette discussion qu’il nous a expliqué qu’en fait en 2010 la Marque Misola,
avec l’appui de l’ABUM et de « Misola France », a été rachetée par
une entreprise agro-alimentaire, Nutriset. Cette entreprise a totalement
détourné le projet originel du Docteur Laurent (un projet à vocation sociale,
d’éducation nutritionnelle, capable de fournir aux jeunes enfants une
nourriture riche, facile à produire à faible coût au sein de petites unités de
fabrication) pour en faire un projet destiné à devenir une source de revenus.
La recette de la farine a ainsi été changée (plus de sucre, et surtout ajout
d’amylases industrielles induisant une dépendance financière vis-à-vis de
Nutriset, qui détient le monopole de la vente de ces compléments industriels).
Face à cela, Le Docteur Laurent, qui s’est vigoureusement
opposé à ce changement d’approche, a été exclu du conseil d’administration de
Misola France.
Il a donc décidé de monter un nouveau projet,
« BAMISA » (Bouillie Amylasée Mil Soja Arachides), puisqu’il n’est
pas détenteur de la Marque Misola (propriété de Nutriset désormais). http://www.bamisagora.org
Le Projet BAMiSA est un projet de Santé
Publique qui a pour objectif de contribuer à la lutte contre la malnutrition
des enfants et des adultes dans les pays tropicaux, en particulier
africains, en lien avec les structures de santé des pays.
Le Projet BAMiSA a pour ambition de promouvoir
l'incorporation d'amylases aux bouillies à base de céréales, ceci afin
d'en permettre la liquéfaction et éviter ainsi leur dilution à l'eau. Ce
procédé de liquéfaction des bouillies par adjonction d'amylase à la bouillie
épaisse et chaude permet d'atteindre, sans difficultés et sans dépendances extérieures,
les recommandations de l'OMS : densité énergétique de l'ordre de 120 Kcal et
faible viscosité (vitesse d'écoulement de 120 mm / 30s).
Dans un souci d'Education Nutritionnelle, l'usage
d'amylases locales, en particulier de malt de céréale germée, est au centre du
Projet BAMISA.
Le projet BAMiSA se concrétise par la fabrication
d’une farine composée (céréale / légumineuses grasses) et de malt,
conçues pour préparer des bouillies amylasées de haute valeur
protéino-énergétique. La farine BAMiSA entre dans la catégorie des farines
diététiques dites « aliments de complément à l’allaitement maternel
destinés à la prise en charge thérapeutique et préventive de la malnutrition
infantile ». La farine BAMISA se compose de produits cultivés localement
(mil ou maïs, soja et arachide). Elle est fabriquée selon des procédés
artisanaux.
Le projet BAMiSA s’appuie sur un réseau d’associations
féminines locales qui développent des activités génératrices de revenus.
Par ailleurs, le Docteur Laurent nous a appris que le centre
de formation où les trois femmes ont appris à préparer la bouillie, à Ziniaré
(35 km du village), n’était pas en fait le centre de formation officiel Misola
(basé à Fada N’Gourma, sous la direction de Mme Simone Soubeiga), et que le
prix qui nous a été demandé était trois fois supérieur à la somme nécessaire en
principe (sans parler du fait que nous avons dû payer, en plus, des frais de
logement et de nourriture).
Pour toutes ces raisons, et surtout parce que le Docteur
Laurent nous a convaincu de repartir sur des bases saines dans le cadre de SON
projet (BAMISA), nous avons convenu avec lui de financer, en 2011, une
formation BAMISA (elle aussi délivrée par Mme Simone Soubeiga à Fada N’Gourma)
destinée à rectifier ce que les trois femmes ont appris, et cela pour un coût
nettement moindre, d’autant plus que le logement et la nourriture des femmes
sera assuré directement sur place par le centre de formation.
LA MISSION 2011 :
Le cœur de la mission de cette année sera donc la rencontre
avec Simone Soubeiga, la formatrice « officielle », avec qui nous
pourrons sérieusement discuter de la mise en œuvre effective de cette activité
de fabrication communautaire de farine Bamisa, du matériel nécessaire à cette
mise en œuvre, et surtout de l’avenir, avec la mise en place progressive de
« maquis bébé », c'est-à-dire la distribution quotidienne de bouillie
Bamisa à un groupe d’enfants, dont la santé est ainsi régulièrement suivie,
distribution qui est aussi l’occasion pour les mères d’apprendre à préparer
elles-mêmes la bouillie à partir de la farine Bamisa.
Les trois femmes bénéficiant de la formation vont donc
devenir, à terme, elles mêmes des formatrices, pour diffuser leurs
connaissances auprès des autres femmes. Elles « travailleront » en
partenariat avec le dispensaire, qui disposera ainsi de relais dans les
villages pour détecter précocement les cas de malnutrition infantile afin de
les traiter rapidement.
La participation aux frais demandée aux mères lors des
distributions de bouillie sera symbolique (10 FCFA), mais essentielle afin de
les responsabiliser ; cependant la majeure partie des frais de cet atelier
devrait pouvoir être prise en charge directement par les femmes grâce à
l’argent issu de la vente du beurre de karité et reversé sur le compte épargne
des femmes de Kinsi, quitte à ce que l’on augmente la part qui est reversée.
Il s’agira avant tout de financer des stocks de sucre et de
sel, parfois de soja (tant que la culture n’a pas été lancée dans le village),
éventuellement quelques bassines supplémentaires, mais surtout des produits
d’hygiène (savon, eau de javel, gants, blouses, …) destinés à garantir une
hygiène minimale des instruments employés, des locaux de travail, et surtout
destinés à garantir la qualité nutritionnelle de la farine.
Enfin, les trois femmes responsables de cet atelier, et, à
terme, de la mise en place de maquis bébé, pourront bénéficier d’un
dédommagement financier pour les déplacements occasionnés par leurs
interventions dans différents villages.
De son côté, le Docteur Laurent, qui, depuis 15 ans est
soutenu par le Conseil Général de Seine Maritime dans son projet, propose
d’analyser régulièrement des échantillons de farine produite dans le village
afin d’en vérifier la qualité nutritionnelle.
Les projets
« secondaires » :
comme chaque année, le financement d’un stock
minimal de fournitures scolaires pour l’école, destiné à permettre d’attendre
la livraison des fournitures de l’état.
Suite à une demande formulée par le directeur de
l’école en 2010, nous allons aussi financer du mobilier métallique destiné à
abriter les fournitures et les manuels scolaires de la voracité des termites.
Le don, à la maternité du dispensaire de
Dapélogo, de lots de vêtements de bébé et autres accessoires de
puériculture (biberons). Ce sera l’occasion de présenter le projet Bamisa aux
responsables du dispensaire, et de leur proposer de s’y associer.
Achat d’artisanat
Récupération du beurre de karité auprès des
femmes du village
Nous assurer que l’atelier « couture »
pour lequel nous avons financé une machine à coudre l’année dernière a
réellement vu le jour, et que le bâtiment destiné à abriter l’atelier Bamisa a
bien été renforcé et réparé.
Préparer les projets des années suivantes avec
les villageois.
Visite d’un centre de formation repéré en 2010,
le CEAS Albert Schweitzer, pour avoir plus d’informations sur les modalités de
mise en œuvre et le coût des formations qu’ils proposent, notamment pour les
maraîchers.
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